Interview optimiste de Nikos Aliagas
pour le calendrier 2015
de la Ligue contre le cancer

Votre définition de l’optimisme ?

Lutter contre les idées reçues qui riment avec immobilisme. Souvent on se dit « c’est la vie » mais non, dans vie, il faut se battre, toujours se battre. Pour moi, la définition de l’optimisme c’est de toujours se battre car tu peux toujours t’en sortir d’une façon ou d’une autre même quand tu crois que tout est fini.

Un mot optimiste ?

Amour ! L’amour a toujours raison. Le dernier mot quand il y a de l’amour c’est déjà une promesse. S’il n’y a pas d’amour, tu peux donner de l’argent, faire de l’humanitaire, avoir une femme que tu gâtes, des enfants que tu habilles comme des petits princes mais si tu n’aimes pas ça ne sert à rien. C’est dans la première épitre de saint Paul aux Corinthiens, il y a un chapitre qui dit, en résumé, « Quand bien même je parlerais les langues des hommes et des anges, je connaîtrais tous les mystères, et je posséderais toute science, quand bien même je donnerais tous mes biens pour la nourriture des pauvres, s’il n’y a pas d’amour, tout cela ne sert à rien ».

Un personnage célèbre optimiste ?

Paulo Coelho. J’ai eu la chance de le rencontrer et finalement l’alchimiste des mots n’a pas eu un succès aussi populaire et aussi vaste par hasard.  C’est que c’est un optimiste. Quand il te dit qu’à un moment ou à un autre l’univers se réunit dans ton dos de telle sorte que ce qui t’arrive ce n’est pas le fruit du hasard, c’est que quelque part il est optimiste ; il y a toujours un chemin.

Un livre optimiste ?

Ça va vous paraitre étrange mais ce qui me touche c’est l’intemporalité de l’Odyssée d’Homère  parce qu’Ulysse a tout contre lui. Il a combattu pendant 10 ans, il a gagné la guerre de Troie, il veut rentrer chez lui, il met encore 10 ans. Il va rencontrer des sirènes, une sorcière, un Cyclope et il arrive chez lui à la fin. Quand bien même il arrive, il doit dézinguer tous les prétendants de sa femme car t’es jamais prophète chez toi ! Tu n’es même plus le roi chez toi ! Mais il y arrive. Pour moi c’est ça l’optimisme.

Un film qui fait du bien ?

Oh ! Un film que j’ai vu récemment et qui m’a rempli de joie c’était Apprenti gigolo de John Turturro avec Woody Allen. J’ai adoré ce film.

Votre musique du bonheur ?

Ça peut aller de Ravel à Mános Hadjidákis qui est un compositeur Grec ou encore, sur un rythme de guitare ca peut être Led Zep ou tout simplement la bande originale du film Mafiosa. Ça n’a rien à voir les uns avec les autres mais ce qui m’intéresse c’est l’essence

Un souvenir heureux ?

La naissance de ma fille. Sans appel ! Tout ce que j’ai cru savoir a disparu, toutes mes certitudes se sont effondrées et l’inconnu et la puissance de ces chairs qui te donnent une autre chair et qui sortent du fin fond de ton existence,de l’atome, ta fille qui hurle parce qu’elle veut vivre, parce qu’elle est toi et qu’elle est tes ancêtres.

Une expérience particulièrement positive ?

On m’a demandé d’aller dans les hôpitaux pour rendre visite à des personnes malades. Ce sont des endroits qui sont synonymes d’épreuve de douleur ou de mort et la dignité que tu vois parfois dans les yeux des gens te rappelle que tes petits bobos du quotidien sont des bobos ridicules et futiles. Tu ressors de ta visite et finalement ce qui va te faire du bien, c’est le regard de ce petit enfant haut comme trois pommes, avec son regard plein de soleil alors qu’il souffre, qu’il est sous chimio, ça te donne plus de force.

Etre optimiste pour vous c’est quoi ?

Une nécessité et une obligation. C’est pas un passe-droit, ce n’est pas une chimère, c’est un travail quotidien. Etre optimiste c’est enlever l’égoïsme de chacun. Etre optimiste c’est reconnaître que la vie est fragile et puissante, c’est décider que la vie est exceptionnelle parce qu’elle est mystérieuse. Et honorer le mystère de la vie c’est de serrer ton enfant dans tes bras, de dire à ton père âgé et malade le jour de son anniversaire que tu l’aimes et que tu l’embrasses comme tu n’as jamais osé l’embrasser ces 20 dernières années… c’est ça l’optimisme ! Il faut que tout ait un sens. Car tout passe. On est de passage, on est des guignols, c’est une farce, la vie est une farce. Le temps de réaliser que tu as vécu t’es mort… Qu’est-ce que tu fais au milieu ?

Une pensée optimiste ?

Sans faire dans la démagogie, il faudrait que même ceux qui se détestent puisse se donner la main parce que cela n’en vaut pas la peine. Avoir des concurrents, des ennemis, tout ça est ridicule. Il faut avoir ce supplément d’âme pour dire à un moment Eh! C’est pas grave, je ne t’en veux pas… Donc une pensée optimiste c’est de savoir pardonner, d’accepter aussi d’être pardonné donc de reconnaitre ses propres erreurs et d’aimer ! On en revient toujours à la même chose ! Il n’y a que ça qui est vrai. Dire je t’aime c’est plus fort que tout donc apprenons à aimer. C‘est con mais c’est dur.

 

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